Que penser de la musique ?

1) L’importance de la musique dans nos vies

“Si on veut connaître un peuple, il faut écouter sa musique.” Platon

Ce propos n’a aucunement pour but de désavouer la musique, bien au contraire : celle-ci est au cœur de la Sainte Liturgie et, même dans la vie des moines, qui pourtant renoncent à de nombreux biens matériels et vivent dans le silence, le chant divin, le grégorien, considéré comme un écho sur cette terre du chant des anges pour le Créateur, occupe une place centrale.

La musique est un art magnifique, qui nous rapproche de Dieu lorsqu’on le pratique ou qu’on en profite. Il est un des canaux les plus extraordinaires pour toucher l’homme dans son intégralité, c’est-à-dire dans son intelligence, son cœur et son corps. Tolkien voit d’ailleurs, dans le Silmarillion, la Genèse du monde comme une musique jouée par Dieu et qui donne naissance au monde, la richesses des notes se traduisant par la richesse de la nature (le démon jouant de fausses notes pour créer l’imperfection dans la création de Dieu).

La musique est un acte de création qui nous transcende et nous fait toucher des réalités qui nous dépassent. Elle est sans aucun doute une des plus grandes richesses du Créateur lui-même, et si la Liturgie l’utilise autant pour rendre un culte à Dieu, c’est bien qu’elle est particulièrement à même de louer le Créateur.

Depuis déjà de nombreuses années, la jeunesse a accès à de nombreuses musiques et de tout genre ; avec internet, cela a pris des proportions considérables, à tel point que l’on peut maintenant trouver et écouter immédiatement toutes les musiques que l’on veut. De plus les iphones permettent, si l’on veut, d’écouter ces musiques quasi non stop… y compris en courant !

Alors, posons-nous une question : comment se fait-il que la jeunesse chrétienne se fasse si facilement et si vite prendre par le monde ? Eh bien, précisément, par la musique, mais aussi par les films ; signalons à ce propos l’excellente création d’une plate-forme chrétienne (www.lefilmchrétien.fr) grâce à laquelle on peut voir un tas de films chrétiens qui pourront avantageusement remplacer toutes ces séries envahissantes et bien des films à la moralité douteuse et destructrice pour l’âme.

D’où l’urgence de christianiser notre culture ambiante et tout particulièrement la musique. Autrement, à quoi bon éduquer et évangéliser la jeunesse, si celle-ci doit finalement être irrésistiblement entraînée par les sirènes de notre monde contemporain ?

En effet, combien de jeunes ont été très touchés par le caractère catholique de nos camps du CSM ou du CSL, mais ont vite tout abandonné, une fois revenus chez eux, repris par leurs musiques, leurs films et leur milieu aux antipodes de la Foi et de la morale chrétienne.

Nous parlerons donc ici de la musique en général et de tous ces genres, et pas seulement de la musique sacrée, le but de cette modeste étude étant de donner des critères élémentaires permettant de poser un jugement, et de choisir quelle musique peut être écoutée ou non.

Comme dans beaucoup d’autres domaines, il nous faut faire des choix, et la musique n’échappe pas à cette loi !  Or choisir, c’est renoncer : il nous faut renoncer à ce qui nous éloigne de Dieu, et choisir ce qui nous rapproche de lui. Et en matière d’actes humains, et donc d’actes moraux, la neutralité n’existe pas !

Alors, courage ! Devenir un saint, cela passe par tous ces petits choix que l’on doit poser, dont la musique que nous écoutons. Rassurez-vous : il existe suffisamment de musiques pour pouvoir renoncer à celles qui nous éloignent de notre fin sans pour autant n’écouter plus que du grégorien.

2) L’impact de la musique sur nous

Bien que la musique adoucisse les mœurs, elle peut avoir un impact immense sur nous, dans un bon comme dans un mauvais sens. Et pour cause, la musique touche et atteint profondément l’homme dans toute sa réalité. Considérons brièvement la nature de l’homme pour comprendre l’effet de la musique sur lui, et en déduire une attitude à avoir, notamment dans le choix de cette musique.

En effet nous sommes corps & esprit (matière & forme) dans un tout indissoluble (l’unité de la personne humaine). Nous connaissons la réalité qui nous entoure par le biais de nos sens, qui sont des relais pour notre intelligence. Notre pensée est donc uniquement possible par l’expérience de notre corps. Et cela fonctionne exactement de la même manière pour la musique. Le son nous parvient sous forme d’ondes qui font vibrer nos tympans, lesquels transmettent ensuite cette information au cerveau, et donc à notre intelligence. La musique touche donc d’abord le corps de l’homme, puis son esprit, d’où sa dimension humaine intégrale.

Dans la musique, c’est tout d’abord le sens « externe » de l’ouïe qui va être sollicité : nous recevons un son, une onde. Dès lors, d’autres sens peuvent être sollicités : ainsi notre rythme cardiaque se cale sur le rythme de la musique que nous écoutons. C’est pour cela que les gens applaudissent ensemble à la fin d’une représentation, c’est pour cela que lors d’un concert le public saute en même temps, etc., alors qu’il n’y a aucun chef d’orchestre.

La musique peut également faire appel à deux de nos sens « internes » : l’imagination et la mémoire. Qui n’en a jamais fait l’expérience en écoutant des morceaux connus ou aimés ?

Mais la musique touche aussi nos passions. Ce sont, d’après Aristote : le désir, la colère, la crainte, l’audace, la jalousie, la faveur, l’amitié, la haine, l’envie, l’émulation, la pitié, en un mot tout ce qui est accompagné d’une peine ou d’un désir. Elle peut nous calmer, nous faire pleurer, nous rendre joyeux, mais aussi nous énerver.

Enfin la musique touche notre intellect, notre pensée, tout spécialement par les paroles qui peuvent accompagner la musique. Elle peut alors nous transcender, nous aider à comprendre dans notre intelligence des choses qui nous dépassent : Dieu, le monde, nous-mêmes. Le grégorien est d’ailleurs l’exemple même de cela, portant notre prière comme nous ne pourrions le faire par nous-mêmes.

Ainsi une mauvaise musique touchera notre corps, nos passions et notre intelligence. Elle pourra donc nous “mettre en transe” (dans le cas extrême, évidemment), nous énerver, nous rendre instables émotionnellement, réveiller des passions charnelles, et enfin détourner notre intelligence de son bien : la vérité, en nous enseignant de fausses choses, en faussant notre imagination, etc.

Mais bien sûr, une bonne musique pourra, elle, provoquer exactement l’inverse et ouvrir notre intelligence tout en touchant notre cœur et notre corps. Cela est d’autant plus vrai quand il y a des paroles, car alors elles s’impriment d’autant mieux dans notre mémoire !

3) Comment choisir nos musiques ?

Nous allons exposer 3 critères qui peuvent nous permettre de faire ce choix :

1) la mélodie / harmonie

2) le rythme

3) les paroles (s’il y en a)

          1) La mélodie / harmonie

La mélodie est un ensemble de sons successifs de hauteur variable, ayant entre eux des rapports tels que leur perception globale soit capable de satisfaire à la fois l’intelligence et la sensibilité (dictionnaire Larousse). Attention, il convient de différencier une mélodie qui peut être angoissante, “violente”, dissonante même (comme les nombreuses dissonances en musique classique qui sont ensuite résolues), d’une mélodie profondément mauvaise. Il faut aussi faire la part des choses entre les goûts, les couleurs, et des critères objectifs d’harmonie, de beauté.

Exemple avec une même musique (pas particulièrement extraordinaire en terme de mélodie), mais interprétée par deux artistes différents.

Sweet Dream :

La version originale d’Eurythmics : https://youtu.be/El0iLDMgiE0

La reprise de Marilyn Manson : https://youtu.be/BHRyMcH6WMM

Cette dernière version contient quelque chose de malsain, alors qu’il s’agit de la même musique initialement.

             2) Le rythme

Le rythme vient plus particulièrement toucher notre corps et notre cœur. Une musique avec un rythme saccadé comme le dubstep viendra décaler notre rythme cardiaque (ne courez pas en écoutant une musique saccadée, ou vous allez avoir un souci) et donc mettre notre corps dans un état qui n’est pas bon du point de vue médical. Idem pour des rythmes trop rapides (ex. : le Métal), ou pour une musique où il n’y aurait simplement que du rythme (électro-acide, etc.).

          3) Les paroles

Les paroles sont le critère le plus simple à appréhender. En effet, une musique qui critique ce en quoi vous croyez, vos valeurs ou autre chose, ne peut être écoutée. Il faut être cohérent avec soi-même. Certains rétorqueront que les paroles sont souvent en anglais et donc souvent incompréhensibles… Oui, peut-être, mais il n’empêche qu’on en comprend tout de même le sens général ou certains passages… De plus, ce n’est pas parce que les paroles sont incompréhensibles pour vous qu’elles sont bonnes pour autant. Ce serait comme accepter qu’on insulte votre famille en anglais…“mais je n’écoute que la musique, pas les paroles !”

Allons plus loin : si un groupe réalise des chansons très sympa, avec des paroles correctes, mais par ailleurs en fait d’autres carrément mauvaises (obscènes, blasphématoires, idéologiquement pourries…), il est difficilement concevable d’écouter les chansons de ce groupe, même les « bonnes »… encore une fois, ce serait comme écouter un groupe qui dans certaines chansons insulterait ceux qui vous sont le plus chers !

Oui, c’est vrai, une musique peut être belle avec de mauvaises paroles, et c’est rageant de voir un tel talent utilisé et détourné pour une mauvaise fin ; mais rappelons-nous, il n’y a pas de neutralité.

Ces 3 critères sont donc à considérer ensemble : une musique mélodique, mais avec un rythme mauvais, ou une musique avec de bonnes paroles mais une mélodie malsaine et un rythme mauvais ne peuvent pas être écoutées.

Bien sûr, vous n’allez pas vous détourner de vos valeurs à l’écoute d’une musique, mais on finit par s’imprégner de ce que l’on écoute, d’autant plus que, comme nous l’avons vu, la musique touche votre personne intégralement, dans toute sa dimension, contrairement à une simple conversation, une affiche, une idée, etc.

Ces 3 critères sont des aides, mais, ne s’agissant pas d’une science exacte, il est évident qu’ils sont à employer avec intelligence, et non à appliquer mathématiquement.

Il convient aussi de préciser que la musique dépend de la personne qui l’écoute, comme pour un film. Un film ou une musique intrinsèquement mauvais le resteront quel que soit le sujet qui le regarde/écoute (ex. : un film pornographique). En revanche, de même qu’un film bon mais violent (La Passion) n’est pas à mettre entre les mains d’un enfant, de même toute musique ne s’écoute pas à n’importe quel âge. Et par exemple, n’écouter QUE du Debussy, encore que ce soit une belle musique, peut, par le côté romantique de celle-ci, avoir des effets très négatifs chez une personne en dépression.

De même, écouter toujours de la musique facile (Pop, Rock, Reggae…) va rapidement abrutir et n’élèvera pas l’âme, par contre écouter à bon escient ce genre de musique (par exemple en sortant de cours ou du travail) peut procurer une bonne détente. L’idéal est donc d’écouter la musique qui convient au bon moment pour notre équilibre personnel et le bien de notre âme.

Comme dans tout, la mesure est importante : In medio stat virtus. Courage pour faire le tri dans votre musique, cela demande un peu de volonté mais est loin d’être impossible ; vous vous sentirez beaucoup plus libre et vous le serez réellement.

Enfin, il n’est pas inutile de dire que si la musique peut être un gain pour l’homme, il n’en est pas moins vrai que le silence est également bon pour lui ! Ecouter non stop de la musique, même très bonne, n’est pas bon pour lui et va même l’empêcher d’apprécier la musique écoutée, car ses oreilles et son cerveau en seront saturés !

4) L’utilité d’une liste de musiques

L’idée vient du constat que bon nombre de chrétiens n’ont finalement que très peu de culture musicale et, de ce fait, n’ont qu’une connaissance très restreinte des musiques. À part « leurs musiques » préférées, ils ne connaissent souvent que de la musique de variétés. Cela est fort dommage, d’où l’importance d’élargir nos connaissances en matière musicale, et cela grâce à une liste de musiques variées et choisies.

Soyons clair, il ne s’agit pas, par cette liste, de faire l’apologie de tous ces genres de musique et de les mettre tous au même niveau : certains par exemple ne supporteront pas le rap, et à juste titre ! Cependant cette liste permettra par exemple d’indiquer, à un jeune qui est accro au rap et n’arrive pas à s’en passer, qu’il existe des groupes de rappeurs chrétiens (ou ayant de bonnes valeurs) certainement meilleurs, du moins par leurs paroles, que ceux qu’il écoute habituellement. Nous pourrions dire alors que c’est un moindre mal en vue d’une éducation vers un bien ultérieur.

Notons d’ailleurs que l’Église a toujours eu le souci de remplacer le mal par le bien, comme par exemple en remplaçant un culte païen qui avait lieu à tel endroit par un oratoire dédié à un Saint. Dès lors, si vous voulez faire un tri dans vos musiques, il importe de connaître par quelles autres musiques vous pouvez les remplacer.

Cette liste peut aussi vous donner l’idée d’aller écouter d’autres genres de musique et, espérons-le, d’écouter de plus en plus de musiques porteuses pour votre âme.

Enfin, cette liste n’a pas la prétention d’être exhaustive et devra d’ailleurs être remise à jour par la suite, mais elle donne des indications qui nous sont apparues utiles pour vous aider dans le choix de vos musiques.

Voici donc le lien pour avoir accès aux playlistes du CSM :

SPOTIFY :     https://spoti.fi/38uXNXc

DEEZER :         https://www.deezer.com/fr/playlist/9708533582

YOUTUBE :    https://music.youtube.com/playlist?list=PL1jpyTHCC1dXYcAYNAPzybV9je9Wci15A

5) Soyez missionnaires par la musique ! 

La musique est quelque chose d’extraordinaire, Don Bosco en était convaincu et avait fait inscrire, dans son patronage, au-dessus de la porte de la classe de chant : « Ne mettez pas d’obstacle à la musique ! ». Ne minimisez pas l’importance qu’elle a dans votre vie, ainsi que dans la société.

Trop peu de chrétiens s’investissent dedans, et c’est bien dommage, car elle est aujourd’hui un moyen de défendre nos valeurs auprès du monde, bien mieux parfois que par des discours sociaux ou politiques, puisqu’elle est universelle et touche, à ce titre, l’homme dans son intégralité, et tous les hommes. Les créateurs, à vos talents !

Mais surtout, n’hésitez  pas à être missionnaires par la musique en faisant écouter à vos amis et connaissances des musiques qui feront du bien à leurs âmes. Aidez-les à se libérer du mal que peuvent leur faire certaines mauvaises musiques, en leur en faisant connaître de bonnes. Une bonne musique avec en plus des paroles porteuses, cela vaut un sermon, un article, un tract…

Que Dieu soit glorifié en toute chose, et en particulier par la musique !