En ce 19 mars où nous fêtons saint Joseph, penchons – nous sur la relation d’amour qu’il entretenait avec la Vierge et leur Fils Jésus.

Joseph était déjà un saint avant son mariage, mais il fit encore bien plus de progrès dans la sainteté après celui-ci avec la Sainte Vierge. Les seuls exemples de sa sainte Epouse suffisaient pour le sanctifier. Mais si Marie, comme parle Saint Bernardin de Sienne, est la dispensatrice de toutes les grâces que Dieu accorde aux hommes, avec quelle profusion devons-nous croire qu’elle en avait enrichi son Epoux, qu’elle aimait tant, et dont, en retour, elle était tant aimée!

Combien plus ensuite devons-nous croire que la sainteté de Joseph s’accrut par le commerce continuel et la familiarité qu’il eut avec Jésus-Christ tout le temps qu’ils vécurent ensemble!

Si les deux disciples qui allaient à Emmaüs se sentirent embrasés de l’amour divin pour le peu de temps qu’ils accompagnèrent le Sauveur et l’entendirent parler, quelles vives flammes de sainte charité ne durent pas s’allumer dans le cœur de Joseph pour avoir conservé pendant trente années avec Jésus Christ, pour avoir entendu les paroles de la vie éternelle qui sortaient de sa bouche, et avoir observé les merveilleux exemples d’humilité, de patience, et d’obéissance qu’il donnait en se montrant si prompt à l’aider dans tous ses travaux et à le servir dans tout ce qu’il était nécessaire pour l’intérieur de la maison!

Quel incendie du divin amour devait opérer tous ces traits enflammées de charité dans le cœur de Joseph, ce cœur qui était dégagé de toutes les affections de la terre! Il est vrai qu’il aimait encore beaucoup son épouse Marie, mais cet amour envers Marie ne divisait point son cœur, selon ce que dit l’Apôtre que l’homme marié à son cœur divisé. Non, le cœur de Joseph n’était pas divisé, parce que l’amour qu’il avait pour son Epouse le remplissait de plus en plus de l’amour divin. Ainsi, à n’en pas douter, Joseph, tandis qu’il vécut avec Jésus-Christ, accrut ses mérites et sa sainteté à tel point que nous pouvons bien dire qu’il a surpassé les mérites de tous les autres saints.

Considérez d’abord l‘amour que Joseph eut pour sa sainte Epouse. Elle était la plus belle femme de toute la création; mais encore, elle était la plus humble, la plus douce, la plus pure, la plus obéissante, et la plus avancée dans l’amour de Dieu qu’il y ait jamais eu entre tous les hommes et entre tous les anges : ainsi, elle méritait tout l’amour de Joseph qui aimait tant la vertu. Ajoutez encore à cela que Joseph voyait combien il était aimé de Marie, qui bien certainement préférait dans son cœur son époux à toutes les créatures.

Il la considérait d’ailleurs comme la Bien-Aimée de Dieu, choisie pour être la Mère de son Fils unique. Or, à tous ces égards, considérée qu’elle devait être l’affection qu’entretenait dans son cœur le juste et reconnaissant Joseph pour son époux si aimable.

Considérez, en second lieu, l’amour que Joseph avait pour Jésus. Lorsque Dieu choisit ce saint pour tenir lieu de père à Jésus, il dut certainement graver dans son cœur, l’amour qui convenait à un père, au père d’un fils si aimable, au père d’un Enfant-Dieu.

Ainsi l’amour de Joseph ne fut pas un amour purement humain, comme l’amour des autres pères, mais un amour surhumain qui lui faisait trouver dans la même personne et un fils et un Dieu. Joseph savait bien par la révélation certaine et divine qu’il en avait eue de l’Ange, que cet enfant dont il se voyait toujours accompagné était le Verbe divin, qui, pour l’amour des hommes, et en particulier de lui, s’était incarné. Il savait que lui-même l’avait choisi entre tous pour être le gardien de sa vie, et voulait être appelé son fils. Or considérez quel incendie de saint amour devait s’allumer dans le cœur de Joseph quand il songeait à tout cela et quand il voyait son divin Maître le servir comme un apprenti : tantôt ouvrir, tantôt fermer l’atelier, tantôt l’aider à couper du bois, ou manier le rabot et la hache ; tantôt ramasser les coupeaux et balayer la maison; en un mot, lui obéir en tout ce qu’il ordonnait, et même ne faire aucune chose que sous la dépendance de l’autorité qu’il exerçait comme père.

La longue familiarité des personnes qui s’aiment refroidit quelquefois l’amour, parce que plus les hommes conversent longuement entre eux, plus ils connaissent les défauts les uns des autres. Il n’en était pas ainsi pour saint Joseph: plus il conversait avec Jésus, plus il connaissait sa sainteté. Jugez de là combien il aimait Jésus!…