Les fidèles sont appelés à une participation pleine, consciente et active (Vatican II) au mystère liturgique. Mais cette participation ne se mesure pas à l’activité extérieure de chaque fidèle, à ses déplacements ou à la force de son chant. Si l’on chante faux, il conviendra de ne pas chanter fort ; cela n’empêchera pas pour autant une participation réelle et profonde à la messe !
La participation à la messe doit être conforme au mystère de la messe, renouvellement et actualisation du sacrifice de la Croix. Cette participation sera donc d’abord pieuse et intérieure (Vatican II). Elle consistera à offrir nos prières et notre vie en union avec le sacrifice du Christ. Notre participation sera alors en proportion de notre foi dans le mystère renouvelé sur l’autel, comme de notre espérance du salut communiqué par le Christ, et aussi de notre amour de Jésus qui se donne à nous dans la communion.

L’ensemble du culte que l’Eglise rend à Dieu doit être à la fois intérieur et extérieur. (…) Mais l’élément essentiel du culte doit être l’intérieur, car il est nécessaire de vivre toujours dans le Christ, de lui être entier dévoué, pour rendre en lui, avec lui et par lui, gloire au père des Cieux. La sainte liturgie requiert que ces deux éléments soient intimement unis, et elle ne se lasse jamais de le répéter chaque fois qu’elle prescrit un acte extérieur du culte.
Pie XII, Mediator Dei

Dans l’Eucharistie, l’Eglise, avec Marie, est comme au pied de la Croix, unie à l’offrande et à l’intercession du Christ.
Catéchisme de l’Eglise Catholique

Cette participation intérieure à la messe est manifestée par des actions extérieures. Ainsi, les fidèles sont invités à exprimer leurs louanges et leurs supplications par les chants contenus dans la liturgie. Ils manifestent également leur union à l’action du prêtre par leurs réponses, comme par exemple : Et cum spiritu tuo (et avec votre esprit) et Amen. Mais cette participation extérieure restera très différente de l’action du prêtre car, en tant que baptisés et confirmés, les fidèles sont députés à s’unir à l’offrande du sacrifice de la messe, mais seul le prêtre le réalise.

Ils sont appelés, non à copier ou à remplacer le prêtre, mais à s’unir à ce que le Christ réalise par lui à l’autel.

Le terme de participatio actuosa (participation active, dans le Concile) a très vite été pris dans le sens extérieur et superficiel d’une activité nécessaire, généralisée, comme s’il fallait que le plus grand nombre des personnes, et le plus souvent possible, soit manifestement actives. Certes, le mot participation implique une action à laquelle chacun est associé.
Mais pour définir le type d’activité dont il s’agit, il faut d’abord établir ce qu’est l’actio centrale à laquelle tous les membres de la communauté sont censés prendre part… La véritable action liturgique, l’acte liturgique par excellence est l’oratio, la grande prière qui forme le noyau de l’Eucharistie, laquelle, pour cette raison, fut appelée oratio par les Pères… L’oratio – la Prière eucharistique, le canon – est actio au sens le plus élevé…
Les actions extérieures de la liturgie (lectures, chants, collecte des dons) peuvent, bien entendu, être réparties de façon appropriée, mais en marquant bien la différence entre participation au service de la parole (lecture, chant) et célébration sacramentelle proprement dite. L’aspect secondaire de ces actions extérieures devrait être clairement manifestée ; l’évidence doit s’imposer : l’oratio ouvre l’espace à l’actio de Dieu.

Cardinal Joseph Ratzinger (préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi), L’esprit de la liturgie

Un geste de fraternité commune comme une poignée de main n’est-il pourtant pas à sa place dans la célébration ?
A la grand-messe, juste avant la communion, le prêtre baise l’autel qui représente le Christ, avant de donner la paix au diacre, puis au sous-diacre qui la donne au clergé par ordre hiérarchique. Ce geste fraternel n’est pas le témoignage d’une affection humaine ordinaire, mais bien le témoignage de l’Amour du Christ qui n’exclut personne et qui est véritablement surnaturel. La source de toute paix est le Christ, et l’instant avant la communion permet de réunir tout le corps ecclésial dans une même charité qui ne trouve pas sa source ailleurs que dans le Christ lui-même.

Le baiser de paix… est le noble symbole de l’union des fidèles entre eux et avec le Christ. Car le baiser vient de l’autel, qui est le Christ. Ainsi c’est le Christ qui donne son baiser à celui qui participe au saint sacrifice. Ce baiser va de bouche en bouche et relie tous les fidèles en une intime union les uns entre les autres, cette union elle-même existant avec le Christ. Ainsi, dans le symbole du baiser de paix, se trouve magnifiquement représenté le but du saint sacrifice et de la communion : l’union des fidèles dans le Christ.
Dom Pius Parsch, La Messe expliquée dans son histoire