Il y a de larges portions de silence dans cette messe, n’est-ce pas un obstacle à la participation des fidèles ?
Ce n’est pas toute la messe qui est célébrée en silence ! Le silence est gradué de façon très pédagogique. Le silence de l’offertoire (les fidèles sont assis) mène à celui du canon (debout et à genoux) et enfin à celui de la communion (à genoux). Il caractérise ainsi la deuxième partie de la messe qui contient le mystère le plus sacré : le sacrifice de la Croix rendu présent sur l’autel. Le silence est alors le meilleur moyen qui favorise une participation vraiment profonde, personnelle et intérieure, au mystère de l’autel.

Le silence est en même temps l’expression la plus belle de notre adoration envers le Dieu qui descend sur nos autels. Et la joie est présente aussi et s’exprime normalement dans les chants. Les magnifiques mélodies grégoriennes, le long ruban des Alléluia font entrer en grand dans la joie ! Il est vrai que cette joie garde une certaine retenue. Elle ne provient pas d’abord d’une émotion de la sensibilité, mais de la foi : elle est de nature spirituelle. C’est en particulier la richesse du grégorien que de favoriser et d’exprimer cette joie spirituelle qui nous met dans un climat d’intériorité permettant l’attention à la présence de Dieu.

Le silence, cheminement en commun vers l’homme intérieur … est indispensable à une véritable participatio actuosa… Un discours ininterrompu à haute voix étouffe l’exigence intrinsèque des paroles… La proclamation du canon constamment à haute voix appelle à grands cris une variété à laquelle la multiplication des prières eucharistiques, si grande soit-elle, ne saurait suffire … La variété elle aussi devient à la longue ennuyeuse.
Cardinal Joseph Ratzinger (préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi), La Célébration de la foi

Nous devons confesser que nous avons tous besoin de ce silence chargé de présence adorée : la théologie pour pouvoir mettre pleinement en valeur son âme sapientiale et spirituelle ; la prière, pour qu’elle n’oublie jamais que voir Dieu signifie descendre de la montagne avec un visage si rayonnant qu’il faut le couvrir d’un voile, et pour que nos assemblées sachent faire place à la présence de Dieu, évitant de se célébrer elles-mêmes.

Jean-Paul II, Orientale Lumen