Mercredi des Cendres 2022

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PAX

          Chers animateurs, membres et amis du CSM,

 Ut cognoscant Te

           «Celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé ! » (Mt 14,13)

        Cet avertissement de Notre-Seigneur tombe à pic en ce début de Carême ! En effet, qui d’entre vous n’a fait l’expérience douloureuse et décevante d’un carême qui est parti sur les chapeaux de roue et qui s’est terminé dans les décors !

        Bien commencer son carême est une chose, mais bien le finir en est une autre… d’où l’importance de la persévérance, de tenir jusqu’au bout, non seulement pendant le Carême, mais aussi et surtout pendant toute notre vie sur terre, il en va de notre salut, au dire de Notre-Seigneur lui-même !

           Or précisément, ce qui me frappe de plus en plus actuellement, c’est un grand découragement quasi généralisé. De partout on entend une grande clameur s’élever : « Satis, cela suffit… nous n’en pouvons plus » !                    On a franchement l’impression que les pressions actuelles tant sociales, économiques, politiques, morales que religieuses sont telles, que bien des personnes sont jetées dans un profond découragement.

           Oui, la vie actuelle est loin d’être un fleuve tranquille, elle est bien plutôt un torrent que l’on ne maîtrise plus ! Or pourtant, NS nous dit qu’il faut persévérer pour porter de bon fruits. Cela, le démon le sait également.

           On raconte à ce propos qu’un jour un homme, venant à mourir, rencontre le diable, qui l’invite alors à visiter son atelier. Entré dans une grande pièce, il voit, accrochés aux murs, de nombreux instruments. Le diable lui dit alors : « Tu vois ça, ce sont tous mes outils pour travailler les hommes. L’homme identifia une scie, une pince, un marteau, une faucille… mais à un moment, il s’arrêta interloqué devant un instrument qui n’avait plus de forme tellement il  était usé. « Ça, dit le diable, c’est mon instrument préféré, c’est celui que j’utilise tout spécialement avec les Chrétiens : c’est le désespoir ! »

           Oui, le diable et tous ses suppôts cherchent à nous faire baisser les bras, à nous jeter dans le découragement ou le désespoir. Dieu, Lui, au contraire, veut que nous développions la vertu de persévérance !

Mais c’est quoi, la persévérance, au juste ?

           St Thomas d’Aquin nous enseigne que cette vertu se rattache à la vertu cardinale de Force. Selon lui, cette vertu a pour fonction de supporter, d’endurer et de subir avec succès l’épreuve du temps. C’est elle qui rend les autres vertus durables et les empêche de succomber à la longue, sous l’action du temps et des multiples difficultés de la vie.

           Il y a un texte de Ste Mère Teresa que je trouve superbe, je ne sais si vous le connaissez, il s’appelle « Tout de même ». Il illustre très bien cette nécessité de persévérer malgré toutes les contradictions que nous pourrons rencontrer sur notre chemin, afin que nous donnions les fruits qu’attend de nous le Bon Dieu.

           « Les gens sont déraisonnables, illogiques et égocentriques,

aimez-les tout de même !

Si vous faites le bien, les gens vous prêtent des motifs égoïstes ou calculateurs,

Faites le bien tout de même !

Si vous réussissez, vous gagnerez de faux amis et de vrais ennemis,

Réussissez tout de même !

L’honnêteté et la franchise vous rendent vulnérable,

Soyez honnête et franc, tout de même !

Si vous donnez au monde le meilleur de vous-même,

vous risquez d’y laisser des plumes,

Donnez ce que vous avez de mieux tout de même ! »

           Certains d’entre vous me diront peut-être que tout cela est bien beau, mais que dans la réalité la persévérance est loin d’être aussi facile !

Le secret de la persévérance !

           Le secret de la persévérance, c’est un Père du désert qui me l’a donné ; le voici :

           « Quand un chien voit un lièvre, il court après… et puis d’autres chiens, le voyant courir et aboyer, le suivent.

Mais finalement seuls ceux qui voient le lièvre persévèrent, les autres sont lassés. »

           L’explication est simple : les chiens, c’est nous bien sûr, mais le lièvre c’est NS ! Autrement dit, si nous ne voyons pas NS, si nous n’avons pas une vraie vie de Foi et une vie intérieure réelle, en bref une vraie recherche de Dieu dans laquelle nous cherchons à le voir avec le regard de la Foi, nous nous lasserons et nous cesserons finalement de courir, car seuls ceux qui voient le lièvre persévèrent.

Deux exemples magnifiques

           Vous avez un exemple magnifique de quelqu’un qui a également vécu au désert et qui a su persévérer envers et contre tout, c’est St Paul :

           Pendant 3 ans, NS l’a enseigné au désert avant de l’envoyer évangéliser à la suite des Apôtres.

           Or c’est précisément cette vie intime avec NS qui donnera à St Paul cette persévérance inlassable malgré toutes ses épreuves autrement plus terribles que les nôtres :

           « Je me suis fatigué comme personne, nous dit-il, plus que personne j’ai connu la prison. J’ai reçu des coups plus que ma part, et bien souvent j’ai vu la mort de près.

5 fois j’ai reçu des juifs les 39 coups réglementaires,

3 fois j’ai été flagellé,

1 fois lapidé

à 3 reprises j’ai fait naufrage, j’ai même passé un jour et une nuit à la merci des flots. »

           Et ce n’est pas fini… vous trouverez la suite de cette litanie de ses épreuves dans l’épître de la Sexagésime.

           Enfin, il y en a un autre qui a également vécu au désert et qui, en raison de cette vie intérieure avec NS, a su vaincre toute les adversités rencontrées pendant sa longue vie mouvementée. Il sera finalement abattu par des djihadistes de l’époque.

           Je pense que vous l’aurez reconnu sans peine car il sera enfin canonisé en mai prochain.  Il s’agit évidemment de Charles de Foucauld !

Comment persévérer pendant tout le Carême ? 

              Le secret de la persévérance étant de ne pas perdre de vue le lièvre, entendez Notre-Seigneur…, il importe de mettre en place une vraie vie d’union avec Lui tout au long de cette retraite de 40 jours ! Cette vie intérieure avec Jésus ne peut-être purement sentimentale car, comme le disait Ste Mère Teresa, « nos sentiments sont des traîtres » ; elle savait de quoi elle parlait car, pendant 50 ans de sa vie, elle fut dans la nuit de la Foi et ne ressentait plus rien pour Dieu, alors qu’elle l’aimait de tout son cœur pour autant ! Le Bx Charles de Foucauld affirmait de son côté, dans la lettre qu’il écrivit le jour de sa mort, que « vouloir aimer, c’est aimer ».

              C’est pourquoi je vous propose de prendre des résolutions concrètes et d’y mettre tout votre amour. Ni trop, ni trop peu ! Pour vous y aider, vous trouverez le fameux « Billet de carême » inspiré de celui des moines (les animateurs et les piliers en ont un spécial pour eux dans le Carnet de Formation des Animateurs). Évidemment il ne s’agit pas de prendre toutes les résolutions proposées, mais seulement celles qui vous sembleront faisables et profitables !

              Comme livre de carême, pourquoi ne pas prendre un livre sur le Bx Charles de Foucauld afin de mieux se préparer à sa canonisation ? Le plus connu et facile est certainement « Lettres et carnets ».

              Comme prière de carême, j’ai pensé à la neuvaine irrésistible du Padre Pio. Certes, elle est un peu longue, mais elle est tellement belle, et surtout tellement efficace ! C’est grâce à elle que le Pélé de Chartres pourra avoir lieu cette année, et comme d’autres intentions graves ne manquent pas cette année (Motu Proprio, crise sanitaire, élections, guerre en Ukraine etc.), j’ai pensé qu’il serait bien de la réciter tous les jours pendant le carême.

              Je suis intimement persuadé que le St Padre Pio peut grandement nous aider à sortir de cette crise engendrée par le Motu Proprio « Traditionis custodes » car lui-même a connu la persécution par des autorités ecclésiastiques, y compris romaines. De plus, il avait demandé et obtenu de Paul VI de garder la messe traditionnelle. Il lui avait également demandé de clôturer rapidement le Concile Vatican II qui trainait en longueur et dont il voyait les dérapages en cours. Le Padre Pio est donc un Saint à invoquer tout spécialement en ces temps troublés dans l’Église. 

              En attendant de nous revoir prochainement pour le WE du Chapitre les 12 et 13 mars, restons bien unis par la prière, en particulier d’action de grâce pour nos 2 camps d’hiver, qui furent magnifiques. Soyez sûrs de la mienne à ma messe quotidienne, pour vous-mêmes, vos équipes, vos familles, et pour toutes vos intentions, qui me sont également bien chères !

                                                                                                                                   Votre Fr. François de Sales O.S.B.

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