Offertoire

Dans les premiers temps de l’Église, le diacre faisait se retirer les catéchumènes et les pénitents. Dans le rite byzantin, il subsiste une formule de renvoi des catéchumènes. Il ne restait que les « fidèles » : c’est de ce fait que cette partie de la messe tient son nom.

L’offertoire commence. Le prêtre offre à Dieu le pain, en le priant d’accepter « cette hostie sans tache » pour ses péchés personnels, pour ceux qui sont présents et pour tous les chrétiens fidèles ; puis le vin, en l’appelant « calice de salut ».

 

Dans la grand-messe, lors du rite d’encensement, on encense les offrandes, l’autel, le crucifix, puis le prêtre, les clercs et enfin les fidèles : l’encens traduit en effet l’honneur que l’on doit à Dieu seul, et on reconnaît par là la présence de Dieu spécifique en chacun de ces membres. Après ce rite, vient prendre place le lavabo : en récitant le psaume 25, le prêtre reconnaît son indignité et demande à Dieu la purification. Il prie la Sainte Trinité d’agréer le sacrifice par le Suscipe, sancta Trinitas et demande ensuite la prière de la foule par l’Orate fratres. C’est là que s’insère la prière sur les offrandes ou Secrète.

Préface et Canon

Le célébrant dialogue avec la chorale ou les acolytes, en indiquant quels doivent être les sentiments du peuple qui entre alors dans la célébration du mystère eucharistique. « Sursum corda » – « habemus ad Dominum » (Haut les cœurs – Nous les tournons vers le Seigneur), « Gratias agamus Domino Deo nostro » – « Vere dignum et justum est » (Rendons grâce au Seigneur notre Dieu – Cela est digne et juste.)

Le prêtre entonne alors la préface, dont la musique d’une grande sérénité faisait dire à Mozart qu’il donnerait toute son œuvre pour l’avoir écrite. La préface est un chant de gratitude pour ses bienfaits, surtout ceux qui ont relation avec la fête du jour. Les textes de la préface sont au nombre de quinze pour les différentes périodes du calendrier liturgique. Ils terminent toujours en rappelant et en s’unissant avec les louanges des anges et des saints au ciel : « Saint, saint, saint, le Seigneur, le Dieu tout-puissant » (Is 6,3; Apoc 4,8).

Le premier verset du Sanctus est une citation d’Isaïe « Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire » (Is 6,3), le deuxième est tiré de saint Mathieu « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Math 21,9).

 

Dans la grand-messe, alors que le prêtre le récite à voix basse et débute en silence le canon, la chorale chante le Sanctus.

Le prêtre s’incline profondément et commence le canon. Cette « règle officielle de la grande prière sacrificielle » est fixée depuis le Ve siècle et n’a évolué que d’un mot en 1962, lorsque Jean XXIII ajouta saint Joseph au Communicantes. Depuis le haut Moyen Âge, cette prière est dite à voix basse (elle doit être labialisée par le prêtre – les rubriques précisent « dicit »).

Te igitur : c’est le Père que, profondément incliné, le prêtre supplie d’agréer le sacrifice de son Fils par la grâce de ce même Christ. In primis : en premier lieu le prêtre prie pour l’Église et ses gardiens : le pape et les évêques (mais aussi le roi dans les monarchies catholiques). Memento : le prêtre prie pour tous les assistants à la messe et leurs proches. Mais aussi pour tous les chrétiens unis par la pensée et la prière et qui ne sont pas présents. Le célébrant marque une interruption dans la récitation du canon pour placer les intentions particulières de cette messe. Communicantes, Par les mérites acquis par la Vierge Marie et tous les saints, l’Église demande à Dieu d’accorder secours et protection à tous les chrétiens.

Hanc igitur : le prêtre étend les mains sur les offrandes : au nom de l’Église, le prêtre remet la direction du sacrifice à Dieu qui seul sauve. À cet instant, un acolyte sonne la clochette : les fidèles savent maintenant que le mystère de la transsubstantiation va s’accomplir et le plus grand silence souligne le mystère. Les rubriques précisent que les paroles de consécration sont prononcées secrete, c’est-à-dire d’une manière distincte ou isolée, séparée du reste, faisant ainsi valoir le mystère qu’elles représentent.

Quam oblationem : le prêtre en appelle à la grâce divine pour que le sacrifice s’accomplisse selon Sa volonté.

Qui Pridie : s’identifiant au Christ dont il accomplit plusieurs des gestes, le prêtre reproduit la sainte Cène du jeudi-saint et récite les mots par lesquels le pain puis le vin deviennent le Corps et le Sang du Sauveur. Est alors renouvelé sacramentellement de manière non sanglante le sacrifice de la croix. Depuis le Xe siècle, l’élévation permet au peuple de contempler et adorer le corps et le sang sous les espèces du pain et du vin.

Unde et memores : le prêtre continue la récitation silencieuse. Il offre à Dieu les biens parfaits qui sont maintenant sur l’autel. Supra quae : ces offrandes sont alors comparées aux deux grands sacrifices agréables à Dieu de l’Ancien Testament : celui d’Abel et celui de Melchisédech. Supplices : le prêtre demande que « le saint Ange de Dieu » porte cette offrande parfaite au ciel, afin que ceux qui participent au sacrifice sur Terre en retirent grâce et bénédiction. Memento : le prêtre prie alors pour les défunts et marque une interruption pour citer les intentions particulières. Nobis quoque : ce sont les fidèles présents, pécheurs, qui demandent le bonheur éternel, non pas grâce à leurs mérites si faibles, mais par le pardon octroyé par Dieu. Per quem : et c’est le Christ qui Dieu crée, sanctifie, fait vivre, bénit et donne ses bienfaits.

Per ipsum : par le Christ, avec le Christ et en le Christ, le peuple chrétien peut rendre à Dieu honneur et gloire.

Amen : en répondant ainsi, la chorale ou les acolytes signifient l’adhésion du peuple chrétien à la grande prière.

Communion et fin de la messe

Le Pater Noster est chanté par le prêtre seul, les fidèles s’unissant à la prière du prêtre en chantant la dernière demande « Sed libera nos a malo » ( mais délivrez nous du mal ). Cette habitude remonte au début du Moyen Âge : en effet le pape Grégoire le Grand affirmait au VIe siècle : « La prière du Seigneur, chez les Grecs, est dite par tout le peuple ; chez nous par le prêtre seul ». Et saint Augustin ajoutait : « Dans l’église, on récite chaque jour à l’autel de Dieu cette oraison dominicale, que les fidèles écoutent ». Le prêtre développe cette dernière demande par la prière Libera nos.

La fraction de l’hostie réunit deux rites antiques : la fraction du pain est symbole d’unité : un même pain, rompu et distribué ; la commixtion (un morceau d’hostie est mêlé au sang dans le calice) symbolise l’union entre le prêtre et l’évêque, rappel d’un rite ancien où cette parcelle était envoyée par l’évêque à chacun de ses prêtres. Le prêtre prononce alors les mots pax domini sit semper vobiscum : ces paroles sont la formule qu’emploie l’évêque à la place du Dominus Vobiscum.

La chorale entonne alors l’Agnus Dei que le prêtre récite de son côté. Suit la première prière Domine Jesu Christe demandant la paix pour l’Église. Lors de la messe solennelle, le rite de la paix a alors lieu : le célébrant baise l’autel (car la paix vient du Christ), puis donne la paix au diacre. Celui-ci la transmet alors au sous-diacre et au reste du chœur.

Les deux « prières avant la communion » (Domine Jesu Christe et Perceptio Corporis tui), que le prêtre prononce silencieusement, proviennent des formules médiévales de dévotion privées avant la communion, et ont été prescrites par le missel de saint Pie V. La première était déjà recommandée par Alcuin, le liturgiste de Charlemagne ; la deuxième date du Xe siècle.

La communion décrite dans le Missel tridentin se limite à celle du prêtre : répétant les paroles du centurion de Capharnaüm, « Domine, non sum dignus ut intres sub tectum meum, sed tantum dic verbo et sanabitur anima mea » (Math 8, 8) (Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon âme sera guérie), il communie au corps puis au sang du Christ.

Au XVIe siècle, la communion des fidèles était assez exceptionnelle, et faisait l’objet d’un « Ordo Administrandi Sacram Communionem Intra Missam » séparé de l’Ordo Missae, venant en complément à la communion du célébrant. L’organisation de cet Ordo est la suivante : Pendant la préparation, le servant récite le Confiteor au nom des communiants (ceux-ci peuvent se préparer de même à la communion). En 1962, ce Confiteor a été supprimé. L’Ordo Missae, qui ne contenait pas l’« Ordo Administrandi », n’a pas été touché par ce changement. Toutefois, dans de nombreuses paroisses, on récitait toujours le Confiteor. Le célébrant se rend côté évangile et se tourne vers l’assemblée (en faisant attention à ne pas tourner le dos au Saint Sacrement) pour dire le Misereatur et l’Indulgentiam. Puis les fidèles récitent à leur tour trois fois l’invocation Domine, non sum dignus.

La nécessité d’une communion fréquente a souvent été réaffirmée par le magistère dès la fin du XIXe siècle, et la pratique s’en est généralisée au fil du XXe siècle.

Pendant le rite de communion et l’action de grâce, la chorale exécute le chant de communion, antienne qui accompagnait le chant d’un psaume dans les premiers temps de l’Église.

Le prêtre proclame ensuite la prière après la communion (ou « postcommunion ») demandant à Dieu que cette rencontre avec son Fils soit réellement profitable.

Le prêtre renvoie alors l’assemblée par la formule qui a donnée son nom à la messe : Ite, missa est veut dire littéralement « allez, c’est l’envoi ». Puis il bénit l’assemblée. Cette bénédiction était historiquement celle du célébrant se rendant à la sacristie, qui a fini par être incorporée dans le rite de la Messe.

Le dernier évangile, qui a été supprimé en 1965, est fixé relativement récemment, au XVIe siècle : c’est habituellement le prologue de saint Jean qui est lu, même si en certaines occasions, ce peut être un autre évangile (en particulier le Jeudi saint ou le jour de Noël). On le voit apparaître dès le XIe siècle, lorsque, par piété, les fidèles réclament la lecture d’un autre passage d’Évangile à leur curé. Cette habitude se développe au cours des siècles suivant, et est fixée définitivement par saint Pie V.