Le chant grégorien fait référence à un Pape, St Grégoire le Grand, qui gouverna l”Eglise à la frontière entre les VIe et VIIe siècles (de 590 à 604) : ces quelques années de pontificat furent extrêmement fécondes à divers points de vue, spécialement pour tout ce qui concerne la liturgie.
On donne plus précisément le nom de grégorien à un répertoire contenu dans un recueil du VIIe siècle, l’Antiphonaire grégorien. Mais les premiers manuscrits comportant des signes musicaux explicites ne datent, eux, que du IXe siècle (donc, près de trois siècles après le Pape Grégoire le Grand).

 

Aussi les paléographes ont-ils tendance à définir le grégorien (en tant que répertoire bien caractérisé) plutôt comme le produit de la fusion, vers cette époque, d’un vieux chant dit romain et du chant dit gallican (pratiqué en Gaule, plus précisément dans le Nord-Est de la France actuelle). On semble là bien loin de la personne du Pape Grégoire. Mais il en va du grégorien un peu comme du Code Napoléon : l’empereur donna son nom au premier Code civil, qui forma comme le canevas et donna sa logique juridique à la masse des documents postérireurs, intégrés à l’ouvrage sans lui ôter son nom de Code Napoléon. On doit à St Grégoire une activité musicale, une organisation liturgique à laquelle, d’une façon analogue, se sont intégrés les siècles suivants. L’activité musicale et liturgique fut intense par la suite, surtout en certains lieux et à certains moments, mais elle s’est volontiers mise dans le rang de l’organisation grégorienne et sous son étiquette.
On pourrait aussi user de l’analogie de l’appellation contrôlée. En bénéficie ici un répertoire de chant liturgique en latin formant un tout cohérent et bénéficiant de l’appellation chant propre de la liturgie romaine que lui ont donné les Papes du XXe siècle et le concile Vatican II. En résumé, on peut dire que le chant grégorien, c’est le chant propre de la liturgie latine, depuis les siècles passés jusqu’à maintenant, marqué par le Pape Grégoire d’une façon décisive.

C’est un acte de reconnaissance pour le rôle que ce Pape a joué dans la prière chantée officielle de l’Eglise latine.