Penser que la messe est trop compliquée pour les simples fidèles, c’est mépriser ceux-ci et les juger inaptes à l’instruction ; c’est oublier surtout la présence du Saint-Esprit qui éclaire leur intelligence et leur révèle les splendeurs de cette liturgie, tout humbles et simples qu’ils puissent être. La liturgie de la messe est une théologie en gestes et en images qui illumine les intelligences et fait exulter les cœurs. La laisser s’appauvrir, c’est créer un grave détriment pour la vie surnaturelle.

Vouloir simplifier les rites dans le but d’être plus proches des préoccupations concrètes des fidèles, c’est entrer dans une logique de tiédeur de la foi. On ne considère pas que celle-ci ait prise concrètement sur leurs esprits et l’on réduit la liturgie au niveau de la sociologie religieuse selon laquelle la perte des signes religieux est inéluctable. Dieu met dans le cœur des baptisés une connivence avec les rites que sa Providence a protégés dans la vie de son Eglise et cette connivence provient d’une certitude beaucoup plus profonde que celle des Cassandres qui gémissent de façon stérile. Les fidèles doivent toujours pouvoir puiser dans les rites sacrés une nourriture pour leur foi, une consolation pour supporter les épreuves de la vie, mieux même, une source inépuisable de joie et de force. Le culte divin donne cette force, cette consolation, cette joie et sa force, en alliant dans ses rites, avec équilibre et mesure, les sentiments de dignité et d’humilité requises devant la sainteté divine, la lumière de la doctrine et le lyrisme de l’amour devant la Tendresse première, comme disait Sainte Catherine de Sienne en parlant de Dieu.

Le mot rite aujourd’hui a souvent une connotation négative, il évoque la rigidité, l’attachement à des formes préétablis. On lui oppose la créativité… Au IIe siècle, le juriste Pomponius Festus nous adonné cette définition du rite : usage qui a donné ses preuves dans l’administration des sacrifices. L’homme en effet a toujours cherché la manière juste et digne de louer Dieu, c’est à dire une forme de culte en adéquation avec sa majesté et conforme à sa volonté.

Cardinal Joseph Ratzinger (préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi), L’esprit de la liturgie