La foi de l’Eglise enseigne que Jésus est présent dans la messe, réellement et substantiellement présent. Cette foi découle de notre foi en la toute-puissance de Dieu. En effet, dit saint Ambroise, la parole du Christ qui a pu faire de rien ce qui n’existait pas ne pourrait donc changer les choses existantes en ce qu’elles n’étaient pas encore ? Car ce n’est pas moins de donner aux choses leur nature première que de la leur changer. La parole du Christ, qui transforme le pain en son corps, est cette même parole par qui tout a été fait. La croyance en la présence réelle dépend donc de notre croyance en Dieu créateur et maître de tout. Croyance si opposée à la mentalité moderne, que l’on conçoit la faiblesse de la foi des chrétiens en la présence réelle.

En outre, à la messe, le Christ est présent :
instrumentalement dans le prêtre agissant in persona Christi ;
spirituellement : Là où deux ou trois sont réunis en mon nom… ;
rituellement (l’action du prêtre renouvelle, participe à l’action sacrificielle de l’Unique Prêtre) ;
substantiellement (après la consécration, il n’y a plus de pain ni de vin, il y a le corps et le sang, l’âme, la divinité du Christ présent dans l’hostie, sous les apparences du pain et du vin).

On reste émerveillé devant ces divers modes de présence du Christ et on y trouve à contempler le mystère même de l’Eglise. Pourtant, bien autre est le mode, vraiment sublime, selon lequel le Christ est présent à l’Eglise, dans le sacrement de l’Eucharistie. C’est pourquoi celui-ci est parmi tous les sacrements le plus doux pour la dévotion, le plus beau pour l’intelligence, le plus saint pour ce qu’il renferme ; oui, il renferme le Christ lui-même et il est comme la perfection de la vie spirituelle et la fin à laquelle tendent tous les sacrements. Cette présence, on la nomme réelle, non à titre exclusif, comme si les autres présences n’étaient pas réelles, mais par excellence parce qu’elle est substantielle, et que par elle le Christ, Homme-Dieu, se rend présent tout entier.

Paul VI, Mysterium fidei